Chronique d’une auxiliaire en vacances… chez moi

Avoir un handicap, c’est devoir s’adapter. Tout le temps. Et souvent, c’est aussi devoir composer avec une ribambelle d’auxiliaires de vie ou d’aides ménagères.

Alors là, autant vous dire que sur ce thème, j’ai ce qu’il faut pour écrire une saga en dix tomes, avec préface, annexes et glossaire.

Mais aujourd’hui, ouvrons simplement le premier chapitre :

“Quand l’auxiliaire débarque dans le monde des Bisounours.”

Imaginez : un jour ordinaire de juin, 30 degrés à l’ombre. Il est 14h, notre héroïne du jour arrive pour trois heures de ménage et éventuellement, une sortie.

À peine la porte franchie, elle s’évente déjà, souffle, râle contre la météo et suggère qu’on sorte une autre fois, genre la semaine prochaine et plutôt le matin quand il fera moins chaud.

Bon, passons.

 

Elle se lance dans le pliage du linge…

Pendant ce temps, nous sommes en famille dans le jardin, à l’ombre du parasol, à lire, discuter… vivre.

Au bout d’une heure et demie, la voilà qui revient, l’air de celle qui a abattu un marathon :
« Il reste quoi à faire ? »
« Les vitres, par exemple. »
Et là, perle rare :
« Ah non, il fait trop chaud. C’est dangereux pour la santé de laver des vitres sous 30°C. C’est interdit même. »

…Ah bon ? Je laisse passer…

Et prétextant qu’il faut attendre que le sol sèche après la serpillière, elle s’installe sur une chaise à notre table de jardin. Et là, c’est confessions intimes pendant une bonne heure : anecdotes de vie, météo, confidences… Tout y passe. Tout, sauf le balai.

Goûter time:

Il faut savoir que notre chère intervenante a une technique bien à elle pour faire son quatre-heures : taper dans celui des autres, en particulier celui de ma fille de 9 ans.

Quand ma fille a des bonbons :
« Tu veux bien partager avec moi ? »

Quand elle boit :
« De l’eau ? Non. T’aurais pas du sirop ? »

Autant dire qu’en cas de canicule, faut être prudent. Ce jour-là, ma fille rêvait évidemment d’une glace. Mais imaginant bien l’enthousiasme glaciaire de l’auxiliaire, j’ai discrètement suggéré à ma progéniture de se contenter de biscuits. Ce qu’elle a accepté de faire.

Tant mieux, car Madame J’ai trop chaud a dit :
« Moi quand il fait chaud, j’préfère une bonne glace qu’un gâteau… »

Heureusement qu’on n’a pas sorti les esquimaux, sinon elle nous plantait la serpillière pour aller fouiller le congélo.

Enfin, dans un élan d’épuisement elle finit par dire qu’il n’y a plus rien à faire, fait comprendre qu’elle a vraiment trop chaud et est fatiguée.
Et là, dans un mélange de pitié et de ras-le-bol, je lance :
« Bon… tu peux partir.»

Illuminée, elle s’exclame :
« Ah ! En rentrant, je vais manger une glace ! »

Cerise sur le gâteau : elle passe évidemment par la case toilettes avant de partir, comme quasiment à chaque fois !

Et attention, il faut savoir que le plus souvent lorsqu’elle se permet d’aller aux toilettes pendant ses heures de travail chez moi, ce n’est pas simplement pour un petit pipi discret. Non. C’est opération : grosse commission. Elle y passe du temps, fini le rouleau de PQ sans en remettre un nouveau derrière et vide la bombe de désodorisant pour masquer l’odeur.

Alors je n’empêche personne d’utiliser les toilettes, ça peut arriver. Mais quasiment à chaque fois sur deux ou trois heures, c’est quand même exagéré et limite gênant je trouve.

Et le détail qui tue : un jour, elle me dit qu’elle ne va jamais aux toilettes chez la vieille dame juste avant moi. Mais chez moi, c’est porte ouverte, mode VIP.

Voilà, c’était une journée parmi tant d’autres. J’en ai encore des tas à raconter. Mais je vous laisse digérer tout ça. Avec ou sans glace.

Je précise quand même pour ne pas m’attirer les foudres qu’elles ne sont pas toutes comme ça, j’ai aussi eu la chance d’en avoir des géniales et qui m’ont beaucoup apporté, mais celles-là ne restent pas en général, car la vie les mènent ailleurs au bout d’un moment…
Puis, il faut l’avouer, depuis quelques années, le secteur de l’aide à domicile a énormément changé et trouver des personnes sérieuses et qui restent, ça devient compliqué. Mais c’est un autre sujet, pour une prochaine fois peut-être…


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