« Non, je ne suis pas perdue, je suis patiente ! » ou : « Merci, mais je suis juste posée, pas en détresse ».
Aujourd’hui, je vous raconte cette situation qui m’énerve particulièrement et qui m’arrive bien trop souvent. Fermez les yeux et imaginez-vous la scène:
Je suis devant une boutique, peinarde dans mon fauteuil électrique, à attendre une amie qui est entrée acheter… un truc indispensable, genre une bougie à 35 euros ou une carte "Bon rétablissement" avec des licornes.
La boutique, évidemment, a une jolie petite marche à l’entrée. Une marche sournoise. Pas de rampe, pas de sonnette. Juste moi, mon fauteuil, et une vitrine pleine de trucs que je ne pourrais jamais approcher si personne n’y va pour moi.
Et là, ça commence.
Première personne :
« Vous avez besoin d’aide ? »
Non madame, j’attends sagement quelqu’un.
Deuxième personne, deux minutes plus tard :
« Besoin d’aide ? Vous voulez que je vous pousse pour vous aider à rentrer ? »
Mon fauteuil est électrique et très lourd, monsieur. Si vous me poussez, bon courage et adieu votre dos! Merci mais non.
Troisième personne, version empathie extrême :
« Vous attendez quelqu’un ? Vous êtes sûre que ça va ? Je peux appeler quelqu’un ? »
Oui. J’attends. Je suis sûre de moi. Et à force, j’ai presque envie de répondre : “Oui, appelez un psy. Pour vous”.
La vérité ? J’allais bien, jusqu’à ce que j’aie à rassurer la moitié du quartier.
C’est fascinant comme le simple fait de rester immobile dans un fauteuil vous transforme immédiatement en signal SOS. Alors que, spoiler : je peux juste être là. Comme vous. Comme quelqu’un sur un banc. Sauf que moi, mon banc il roule.
En vrai, j’aime bien les gens gentils. J’aime moins devoir répéter dix fois par jour : « Non, je ne suis pas en train de paniquer car perdue, je ne suis pas en détresse, j’attends juste qu’on me rapporte quelque chose de l’intérieur de la boutique inaccessible ».
Je devrais faire un petit panneau :
« Tout va bien. Je suis stationnée ici volontairement. Merci. »
Ou peut-être un badge :
« Ce n’est pas un appel à l’aide, c’est juste une pause. »
Bref. La prochaine fois, je fais comme tout le monde : je scrolle sur mon téléphone. Là, au moins, personne n’ose m’interrompre.
En fait, dans ces situations, c’est ce que je fais déjà souvent, car c’est vraiment le seul moyen que j’ai trouvé pour avoir la paix.